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certes pas l’action modificatrice que les sons peuvent exercer les uns sur les autres ; mais les lois qui régissent cette action ne me paraissent pas assez efficaces pour troubler, à elles seules, l’énoncé correct du discours. Dans les cas que j’ai pu étudier et analyser à fond, ces lois n’expriment qu’un mécanisme préexistant dont se sert un mobile psychique extérieur au discours, mais qui ne se rattache nullement aux rapports existant entre ce mobile et le discours prononcé. Dans un grand nombre de substitutions, le lapsus fait totalement abstraction de ces lois de relations tonales. Je suis sur ce point entièrement d’accord avec Wundt qui considère également les conditions du lapsus comme très complexes et dépassant de beaucoup les simples effets de contact exercés par les sons les uns sur les autres.

Mais tout en considérant comme certaines ces « influences psychiques plus éloignées », pour me servir de l’expression de Wundt, je ne vois aucun inconvénient à admettre que les conditions du lapsus, telles qu’elles ont été formulées par Meringer et Mayer, se trouvent facilement réalisées lorsqu’on parle rapidement et que l’attention est plus ou moins distraite. Dans certains des exemples cités par ces auteurs, les conditions semblent cependant avoir été plus compliquées. Je reprends l’exemple déjà cité précédemment.

Es war mir auf der Schwest
Brust so schwer[1].

Je reconnais bien que dans cette phrase la syllabe Schwe a pris la place de la syllabe Bru. Mais ne s’agit-il que de cela ? Il n’est guère besoin d’insister sur le fait que d’autres motifs et d’autres relations ont pu déterminer cette substitution. J’attire notamment l’attention sur l’association Schwester-Bruder (sœur-

  1. « J’avais un tel poids sur la poitrine. » Schwest (mot inexistant, format un lapsus, par substitution de la syllabe Schwe à l asyllabe Bru).