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j’ai pu me rappeler que tout s’était passé exactement comme l’avait dit mon ami; je me rappelle même ma réponse d’alors : « Je n’en suis pas encore là et ne veux pas discuter cette question. » Je suis depuis lors devenu plus tolérant, lorsque je trouve exprimée dans la littérature médicale une des idées auxquelles on peut rattacher mon nom, sans que celui-ci soit mentionné par l’auteur.

Reproches à l’adresse de sa femme; amitié se transformant en son contraire; erreur de diagnostic; élimination par des concurrents; appropriation d’idées d’autrui : ce n’est pas par hasard que dans tout un groupe d’exemples d’oubli, réunis sans choix, on est obligé de remonter, si l’on veut en trouver l’explication, à des mobiles et à des sujets souvent pénibles. Je pense que tous ceux qui voudront rechercher les mobiles de tel ou tel de leurs oublis seront obligés de s’arrêter en fin de compte à des explications du même genre, c’est-à-dire tout aussi désagréables. La tendance à oublier ce qui est pénible et désagréable me semble générale, bien que la faculté d’oubli soit plus ou moins bien développée selon les individus. Plus d’une de ces négations auxquelles nous nous heurtons dans notre pratique médicale ne constitue probablement qu’un simple oubli 60. Notre conception des oublis de ce genre nous permet de réduire la différence