Page:Labi 1997.djvu/35

This page has not been proofread.

on retrouve ici les fossiles les plus nombreux de toute la Slovénie. Avec leurs dents, les loups peuvent percer des petits trous dans un os, mais pas de cette taille et de cet espacement. Autre animal qui aurait été capable de percer l’os: l’hyène des cavernes dont la denture plus massive et surtout plus forte est à même de rompre les os. Or, on n’a pas relevé de restes osseux d’hyène, un animal d’ailleurs très rare en Slovénie. Enfin, une analyse détaillée d’un grand nombre d’os très petits, que les hyènes auraient simplement pu avaler, exclut la présence d’hyènes sur ce site.

Pour interpréter la découverte, il est très important d’étudier la forme, la position et l’espacement des petits trous. La technique de perforation est très rudimentaire. Tous les indices laissent supposer que l’os fut foré par un outil de pierre ou transpercé par les dents. Il n’y a pas de différence entre les trous forés et les trous percés par les dents d’animaux. Ceux-ci ressemblent au mieux aux trous de la flûte aurignacienne de la grotte d’Isturitz en France, et au trou de la flûte de la grotte d’Istalloskô en Hongrie. Tous les trous d’os les plus anciens connus jusqu’ici ont été obtenus soit par percussion, soit par intaille ou par incision. Aucun n’a été vrillé, quoique le Paléolitique moyen connût des outils en pierre taillée dénommés perçoirs à cause de leur forme. Les outils de ce type font également partie des vestiges du site de Divje babe I. De toute évidence, la technique de perçage à l’aide d’un outil n’était pas encore connue à l’époque, sinon elle eût été utilisée pour percer des trous dans les os.

C’est d’ailleurs la technique la plus facile, puisqu’il suffit d’un simple bord d’éclat tranchant. L’intaille et l’incision sont lentes et difficiles à exécuter. La technique la plus simple est la percussion, mais elle nécessite des outils et de l’habileté. C’est la seule technique qui n’a pas donné de résultats satisfaisants lors des expérimentations. Par conséquent, on a quelques doutes au sujet de la fabrication de trous par ce procédé. Il se peut qu’initialement les hommes aient eu recours à une technique observée chez les animaux; plus tard seulement, ils auraient développé d’autres méthodes, plus appropriées, parmi lesquelles le perçage serait venu en dernier. La problématique identification de l’origine des trous rend difficile toute classification de l’objet. La disposition des trous sur une ligne et leur écart régulier plaident en faveur de la flûte. En effet, l’un et l’autre sont très différents de ceux des exemplaires troués par les animaux, qui sont percés ou amorcés à proximité des articulations, l’espace entre les petits trous et les petits creux étant supérieur ou inférieur à celui de l’exemplaire de Divje babe I. Ici, la disposition des trous est identique à celle de la plupart des flûtes du Paléolithique; elle correspond à la distance entre

<SVOLJSAK, TURK, CIGLENECKI: L'IMAGE ARCHÉOLOGIQUE DES ALPES SLOVÈNES/small>
44