Page:Labi 1997.djvu/48

This page has not been proofread.

les monnaies, dont la frappe date des premières décennies du Ve siècle, on peut conclure que le garnison est restée établie sur cette hauteur au moins jusqu’à environ 400 ap. J.-C. On peut se demander si son séjour fut lié à l’établissement du système de barrières et de forteresses dit «Claustra Alpium Iuliarium», dont la fonction fut, durant l’Antiquité tardive, de contrôler les accès à l’Italie. Dans ce contexte, l’emplacement de cette forteresse, fermant l’accès facile de Čedad (Cividale), en Italie, par le passage de Robic, aurait été parfaitement sensé.

La prise du pouvoir en Italie et sur l’actuel territoire Slovène, par Théodoric le Grand, le roi légendaire des Ostrogoths, dans la dernière décennie du Ve siècle, peut être considérée comme la période la plus importante de l’histoire du peuplement de Tonovcov grad. De cette période datent les importants vestiges du sommet de la hauteur: traces d’habitations, d’églises et d’un système défensif. Les constructions de la place ressemblent à celles d’autres forteresses, déjà fouillées en partie, tant en Slovénie que dans les pays voisins. Le site de Tonovcov grad ressemble le plus à celui de Gradée près de Prapretno - de l’Antiquité tardive lui aussi -, dont il se rapproche par un même nombre et par une même disposition de constructions, ainsi que par son architecture bien conservée également. Le site carinthien de Dole (Duel) lui ressemble par la concentration des constructions à proximité de l’enceinte ainsi que par une assez grande église, située à l’intérieur d’une aire bien protégée. De leurs côtés, les sites de Kučar et Vranje présentent eux-aussi des grands ensembles d’églises, analogues à celui de Tonovcov grad. Leur contemporanéité est soulignée par la même conception d’architecture et d’aménagement.

Les données réunies jusqu’ici ne permettent pas d’identifier le fondateur de la place forte. Ici, comme ailleurs, la plupart des trouvailles indiquent une population indigène romanisée; cependant, il n’est pas possible d’exclure les Ostrogoths, vraisemblablement fort intéressés à cette forteresse située en un point stratégique. À ce propos, il faut mentionner la lettre citée par Cassiodore et envoyée entre 507 et 511 ap. J.-C. par le roi des Ostrogoths Théodoric aux Lucristani de la vallée du Soca. Dans sa missive, il évoque l’intérêt que représentent les voies publiques qui facilitent l’exécution des décrets royaux. Il souligne la nécessité de veiller à ce que les chevaux utilisés pour ces transports gardent leurs forces. Aux Lucristani il donne l’ordre de rendre la terre, réservée jadis à l’élevage de chevaux, et saisie plus tard par les propriétaires de postes.

58
HISTOIRE DES ALPES - STORIA DELLE ALPI - GESCHICHTE DER ALPEN 1997/2