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éprouvées, hérités des communautés néolithiques de l’Orient. Les contraintes de la vie en montagne et la nécessité de s’y protéger des hivers rigoureux par un habitat résistant et suffisamment isolant ne semblent guère avoir incité ses habitants au nomadisme. Cependant, la vieille relation des origines de la domestication, celle de l’homme, de l’animal, de la pente et des saisons, va commander, selon de nouveaux modes, la colonisation des montagnes de l’arrière-pays méditerranéen.

Les grottes bergeries d’altitude étudiées par D. Helmer dans le Var, J.-L. Brochier et A. Beeching[2] dans la Drôme ou R. Picavet dans l’Isère, pour n’évoquer que les Alpes françaises, l’attestent: il y a quelque 5000 ans, des hommes déplacent saisonnièrement leurs troupeaux, sur plusieurs dizaines de kilomètres et des dénivelés de près de 1000 m.

En réalité, l’histoire entière de l’humanité des Alpes est faite de cette relation entre l’homme, l’animal, la pente et les saisons, des déplacements qu’elle entraîne et de leur cortège de découvertes et d’appropriations, d’organisations et d’habitudes, de conflits et d’échanges.

L’homme, et c’est une évidence, n’aurait pu s’installer en montagne sans l’animal. Se nourrir, se réchauffer, se vêtir, se déplacer, porter, fumer la terre, tirer l’araire ou la herse, disposer de produits d’échanges tels la laine, le fromage, la viande ou le cuir, toutes ces nécessités ont développé, entre lui et l’animal - et principalement le mouton et la vache - des associations, des solidarités, voire des connivences, que l’on sait multimillénaires. Or, et c’est une seconde évidence, pas d’animaux sans herbe et pas d’herbe dans nos écosystèmes alpins et méditerranéens sans une économie savamment réglée sur les saisons et l’usage de la pente.[3] Ce truisme est à la base des comportements et des savoir-faire montagnards. La vie des communautés agro-pastorales alpines a de tout temps été réglée sur ces migrations régulières, du village à l’alpe et de l’alpe au village. Ainsi du départ pour la montagnette ou les mayens, que les géographes du début de ce siècle appellent remue, et qui est plus connu des montagnards sous le nom destivage, de départ pour Vestive, d'amontagnage ou encore de muande: le terme de remue désignant tout autant le changement de pâturage que de niveau de pâturage (en Belle- donne, en Tarentaise ou dans le Beaufortain, il n’est pas rare qu’une quinzaine de remues soient faites par saison).

Ainsi de l’alpée, le départ pour l’alpage, et surtout le retour, la désalpe, qui demeurent deux moments essentiels de la vie communautaire. Outre qu’ils marquent deux grands stades du cycle annuel, le solstice d’été et l’équinoxe

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DUCLOS: LA TRANSHUMANCE