de désenclavement des territoires; autrement dit le fameux «paradoxe alpin» bien mis en évidence par P.-P. Viazzo.
Partant de ce constat, il devenait intéressant de s’atteler à ce sujet négligé, à cette occultation dans la thématique des migrations qui, par ailleurs, commençaient à être bien connues, au moins pour la partie occidentale des Alpes. D’où l’idée d’organiser deux séminaires, l’un à Grenoble, l’autre à Mendrisio, pour explorer ce chantier. Il s’est agi au cours des journées de proposer à des spécialistes des migrations, alpines de préférence, de venir questionner et se questionner sur un sujet dont il convenait de définir à la fois les sources pour le travailler, les questions, les entrées et les problématiques. En effet, ce silence thématique tient, comme souvent, à la nature des sources mobilisées, aux sujets et aux prismes retenus.
Lorsqu’il a fallu en définir les contours, la notion de «retour» a posé toute une série de questions sur les contenus et sur les réalités multiples que ce mot recouvre. Il est évident que la durée des absences et la nature des pratiques migratoires (saisonnières, périodiques, pluriannuelles) affecte en profondeur le sens et la manière de vivre le retour. De même, on peut s’interroger sur le sens du retour lorsqu’il n’y a pas eu de départ (par exemple dans le cas des migrants de «deuxième génération» revenant au pays d’origine de leurs parents). Enfin, nous ignorons encore très largement l’intensité et la régularité des retours. Sans que ceci ne constitue une règle générale, il est par exemple surprenant et intéressant de relever que c’est là où l’intensité migratoire était moins forte - notamment dans diverses régions alpines de l’aire allemande - et son enjeu moins «vital» pour les systèmes socio-économiques locaux, que les retours ont été pratiqués avec moins d’assiduité et avec une systématicité moindre. Ce n’est, comme on l’a dit, qu’une hypothèse de travail qui renvoie peut-être à des systèmes familiaux distincts, mais aussi à des formes de gestion et de circulation des ressources locales différentes, affectant les pratiques et les projets migratoires sur le plan individuel et collectif.
Poser également la question du lieu de retour n’ a rien d’anodin: peut-on parler de retour lorsque le lieu de destination de ce dernier n’est pas celui de départ? La chronologie et la temporalité sont également essentielles. Ce n’est pas simple précaution d’historien mais une nécessité pour accorder la nature des retours avec le système migratoire et la société globale dans laquelle ils s’insèrent. Le choix a été fait de privilégier les phénomènes de retour correspondant au système des migrations et des mobilités de la société alpine à l’œuvre jusqu’aux années ’50 du XXe siècle, ce que l’on a généralement qualifié de migrations traditionnelles