pation au conflit dans les troupes armées (surtout lors de la première guerre), de la nécessité de choisir leur nationalité,[15] au refuge dans des territoires montagnards qui apparaissent alors plus accueillants ou mieux protégés.[16] Ces épisodes délimitent des retours parfois forcés, s’accomplissant souvent dans la précarité, provoquant la rupture brutale avec le lieu d’accueil et décrétant, pour les migrants subissant ces mesures, la perte des biens et parfois la ruine.[17] Dans un certain nombre de cas ils s’accompagnent de mouvements de solidarité, mobilisant les communautés et les autorités publiques locales qui promeuvent des mesures de soutien en faveur des rapatriés, voire même de véritables politiques publiques destinées à fournir un travail aux migrants ayant perdu leur travail dans les terres étrangères.
Mais dans la plupart des cas, le retour est une décision autonome et spontanée, mûrie en fonction de divers facteurs (la durée de l’absence, la destination choisie, les épargnes cumulés, la situation conjoncturelle dans le lieu d’émigration, .) et répondant à diverses motivations (la nostalgie, la volonté de concrétiser le projet migratoire global, le souhait de conclure sa vie chez soi, ...). Une décision qui, comme le souligne F. Spagnoli, peut dépendre de la capacité (ou de la possibilité) d’intégration dans la société d’accueil. Dans le cas des migrants trentins vers la France, elle pourrait expliquer leur faible taux de retour, la capacité d’assimilation de la société française freinant les projets migratoires élaborés au moment du départ. Mais le non retour peut aussi être motivé par des facteurs plus immédiats. Ainsi A.-L. Head-Konig détaille les normes très restrictives de nombreuses communautés des Alpes suisses à l’égard de leurs ressortissants alors que ces derniers, tombés dans la pauvreté lors de leur migration, souhaitent revenir chez eux pour bénéficier des secours publics;[18] une attitude qui, comme le suggère V. Gianno, se répète durant la Seconde Guerre mondiale lorsque les autorités suisses optent pour une attitude «restrictive» à l’égard de leurs ressortissants (dont ceux de confessions juive) résidant en Italie. Ainsi, les femmes mariées à des citoyens italiens dans les années précédentes (et par conséquent, ayant perdu leur nationalité), rencontrent de nombreuses difficultés pour se faire accueillir nonobstant les liens familiaux gardés dans la Confédération.
Pour de nombreux migrants le retour ne peut être envisagé avant d’avoir suffisamment épargné, couronnement et réalisation des projets fixés au moment du départ. À l’inverse, le retour lié à l’échec de l’expérience migratoire, ou qui est ressenti comme tel, constitue un facteur de déshonneur, d’avilissement, voire de marginalisation sociale. En effet, comme l’observe un émigrant